Politique et gestion d'entreprise - incompatibilité?
La récente affaire de Compost Riviera, société privée traitant les déchets végétaux et dont le Conseil d'administration est composé de personnalités politiques de la Riviera et du Chablais, pose à nouveau la question fondamentale pour ce genre de structure.
Politique et gestion d'entreprise, est-ce définitivement incompatible?
A froid, sans réflexion aucune, la réponse est positive. Mais ce sujet mérite mieux qu'une simple réponse à l'emporte-pièce car il est au coeur de la problématique privé-public. Les points communs sont nombreux dans toutes ces affaires. Des politiques sont à la tête de ces organismes et autres sociétés, des techniciens en ont la responsabilité opérationnelle et le dialogue entre les uns et les autres paraît souffrir d'un certain décalage qui les empêche de se comprendre. Ajouter à cela une confiance « aveugle » des politiques envers les techniciens et un manque chronique de jalons de contrôle. Tous les ingrédients sont ainsi présents pour aboutir aux belles surprises découvertes.
Avec le cumul des mandats de représentation qu'ont les Municipaux, auquel il faut évidemment ajouter pour la plupart d'entre eux l'exercice de leur profession, il leur est aujourd'hui quasi impossible de consacrer le temps véritablement nécessaire à une bonne exécution de leurs tâches.
Mais c'est aussi, et surtout, leur manque de compétence qui est une des causes de ces désastres (n'ayons pas peur des mots). La majorité d'entre eux n'est pas aguerrie à la gestion d'entreprise, ni aux responsabilités qui en découlent. Le bon sens, pour ceux qui en ont, ne suffit pas non plus à se prémunir contre tout « déficit » de formation à ce genre d'exercice. Pour toute entreprise, privée ou publique, des règles de gestion existent. Elles ne sont pas les mêmes mais la moindre des choses serait que les politiques en connaissent les bases fondamentales.
L'IDHEAP, par exemple, offre un éventail de séminaires destinés justement à des personnes chargées de la gestion publique. Ce pourrait être à ce titre un partenaire privilégié. Certainement qu'il l'est déjà, mais une forme un peu moins académique serait également un atout. Des solutions existent donc, pour autant que l'on ait envie d'en trouver, pour que les politiques gagnent en efficacité.
Car l'aboutissement de toutes ces affaires est la perte de crédibilité des politiques et, corollaire, la perte de confiance des électeurs envers les élus.
Conséquence? Le politique devient frileux à l'extrême et décide ne plus décider sans avoir peser le pour et le contre de manière pointilleuse. Les avocats et les bureaux d'études ont de beaux jours devant eux.
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