Château de l'Aile - vocation publique ou privée ?
Dans ce dossier du château de l'Aile, la notion d'affectation publique est très présente et paraît même être l'enjeu central. Preuve en est le texte d'un « poeple » opposant, par ailleurs poète et écrivain de son état, qui dit notamment: « Or, le Château de l’Aile n’est pas seulement un témoin vivant et précieux d’une époque et d’un style, il n’est pas seulement un édifice à restaurer d’urgence : il est aussi un lieu qui mérite d’être ouvert, un lieu auquel toute une population devrait avoir accès. ».
Dans la réalité, croire que cela est possible est un leurre. Les faits sont têtus. Dans le fameux « projet caché » de l'architecte Novello, grand Timonier du musée Jenisch 2 (un billet lui sera consacré), il n'y a qu'une petite place faite à une affectation publique du château. Certes, son étude énumère quels seraient les travaux à entreprendre dans ce cas, mais surtout elle montre que pour préserver «l'esprit du lieu» il est préférable que la distribution intérieure reste ce qu'elle est. Novello parle aussi d'un tout, en tant qu'espace urbain, englobant dans sa réflexion le périmètre Rivage-Aile-Place du Marché. Plusieurs approches sont faites dans son étude. Documentaire, urbaine, historique, économique et programmatique. Dans ses conclusions de l'approche programmatique il est dit que « Une vocation permettant le maintien de la substance historique en place, même si privée, semble la plus compatible à la nature de l’ouvrage. » et que « La perte de «visibilité» et d’usage engendrée par une vocation privée peut être compensée par une re-définition publique des espaces extérieurs. ».
Il est donc raisonnable de penser qu'une affectation publique serait d'une part hors de prix et d'autre part risquerait de complètement dénaturer cette bâtisse.
Autre élément du combat des opposants contre le projet municipal, la volumétrie du nouveau bâtiment du Rivage. Il est à ce propos nécessaire de rappeler que, dans son étude, Novello admet le fait qu'un nouveau bâtiment du Rivage est nécessaire pour assurer l'équilibre du site. Il propose d'ailleurs plusieurs variantes dont la volumétrie est aussi imposante que celle du projet défendu par la Municipalité. On peut donc aisément admettre que cet argument n'est pas défendable et qu'il est plus proche de la mauvaise fois que d'une volonté réelle d'amener des idées constructives (désolé pour cette prise de position, mais elle est utile).
Les arguments assénés par les opposants vont dans tous les sens et montrent à quel point leurs intérêts sont divers. Il y a ceux qui en font un combat politique (Pierre et ses chasseurs), ceux qui en font un combat idéologique (le Loup et sa harde) et ceux qui en font une lutte des classes (Alternative). Aux Veveysans d'y retrouver leurs petits!
Une question peut être posée au sujet du bâtiment du Rivage actuel. Pourquoi s'opposer à sa démolition, alors qu'une majorité de citoyens pense qu'il est maintenant vetuste, tant à l'intérieur que par son aspect extérieur (notamment pour le restaurant), et rechigne à aller s'asseoir sur la terrasse? Cette image n'est-elle pas aussi nuisible à l'harmonie des lieux tant voulue par les opposants ?
Le fait que, également, cette « affaire » du château de l'Aile ne soit pas forcément qu'une question veveysanno-veveysanne, eu égard au fort impact que la bâtisse néo-gothique mais aussi le parc du Rivage ont sur l'image que les non veveysans se font de Vevey, devrait inciter le citoyen à ne pas céder à une émotion trop forte, mais à sereinement faire la part des choses. La lecture du billet qu'Yves Christen a rédigé dans le 24 Heures du jour (23 mai, en page 20) devrait l'y aider.
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